Agir pour ne pas succomber à la peur
Dernière mise à jour : 23 sept. 2020
L'association La Pivarella a été conçue pendant le confinement. Et a vu le jour en septembre 2020.
Récit de sa gestation…
Le soir des résultats des élections municipales, au printemps dernier, à Santa-Maria-di-Lota, nous aurions bien aimé fêter les 30 % de la liste Unione Ecologica mais les bars avaient déjà eu ordre de fermer pour cause de coronavirus ! 30 % ce n’était pas la victoire, mais lancés dans la bataille tardivement contre un maire qui après douze ans de mandat appelait tout le monde par son petit nom, nous avions échappé au ridicule que certains nous avaient prédit et nous étions assez fiers de notre score.
Chacun est donc rentré chez soi. A la maison, j’ai retrouvé mon chien et histoire de combler ma frustration, je l’ai entraîné dans une longue balade nocturne. Il faisait étonnamment doux pour un 15 mars, l’air embaumait le printemps, la lune éclairait la route à profusion et nos promesses de campagne me semblaient s’écrire sur les chapelets d’étoiles. La nuit était si limpide et si tendre que j’en ai oublié la menace de la pandémie.
Le lendemain matin, l’annonce du confinement nous est tombée dessus. Chacun s’est cloîtré chez soi et tant pis pour nos jolis rêves de jardins partagés, d' épicerie solidaire et de démocratie participative.
Confiné.es et forcé.es de réfléchir !
Les jours ont passé… Avril aussi est passé… Mai est arrivé…Etranges journées rythmées par les attestations obligatoires de sortie pour aller faire ses courses, se dérouiller les jambes, par les rendez-vous télévisuels avec ce tout nouveau « comité scientifique », et de temps en temps le président de la République qui venait nous parler droit dans les yeux…
Ainsi avons-nous appris que nous étions en guerre et que les masques ne nous protégeraient pas, ça tombait bien parce qu’en France on n’en avait pas, de toutes façons ! Nous avons pris parti pour ou contre le professeur Raoult. Nous avons digéré les mensonges de l’Etat à propos des masques, des tests, applaudi les soignants tous les soirs à 20 heures. Comme quoi, nous n’avions pas perdu toute notre humanité ! Mais nous sommes aussi beaucoup regardés en train de les applaudir. On a ressorti l’étendard de la Solidarité qu’on avait remisé au placard depuis les attentats de Charlie. On l’a déployé en grand, encore. Une nouvelle fois. Pendant de ce temps, on a continué à laisser mourir les gens en Méditerranée. Déjà qu’ils n’intéressaient pas beaucoup de monde, mais pendant cette période, on les a carrément oublié.
Au fil des jours, devant l’éclatante insolence du printemps qui semblait vouloir nous donner une leçon de vie, on s’est mis à réfléchir sur comment on en était arrivé là, à s’interroger sur notre humanité justement, notre rapport à la nature. On ne maîtrisait rien en fait ! On ne dominait rien ! On a compris qu’on appartenait à un éco-système. Que la nature, c’était nous aussi. Qu’on en faisait partie. Nous nous sommes redécouvert mammifères fragiles, à la merci d’un pangolin. Les citadins ont goûté aux bienfaits du silence, à la pureté du ciel au-dessus de leurs têtes. Collectivement, et sans grand discours, on a intégré qu’en consommant moins on polluait moins, qu’on respirait mieux. Avec les avions cloués au sol, les mots « souveraineté », « relocalisation » sont devenus à la mode. Nos hommes politiques ont redécouverts les vertus des circuits courts, parlé d’autonomie alimentaire, remis en cause les modèles productivistes, le libre échange. De tous bords, ils se sont mis à dire qu’il fallait changer de modèle, que rien ne pourrait plus être comme avant. Pendant 57 jours, on est tous devenus écologistes ou presque. On a partagé des images de dauphins bondissants dans des eaux translucides, de biches qui faisaient du lèche vitrine dans les rues de Vancouver et de canards déambulant sur les Champs Elysées désertés. Plus fort, la pandémie nous a forcé à voir ce qu’on ne voulait pas voir : que les soignants étaient en majorité des soignantes, que les plus exposés étaient les pauvres, les vieux dans les EHPAD que l’égalité était un mot qui sonnait creux dans de nombreuses situations. On a vu aussi le manque de coordination entre les services de l’Etat, les dysfonctionnements entre les différentes strates administratives, fustigé la centralisation – Pourquoi interdire les plages désertes et les balades en montagne ? et découvert, ébahis, que finalement les Etats pouvaient débloquer des milliards pour sauver l’économie – alors que cela fait des années qu’ils nous ordonnaient de nous serrer la ceinture. Au regard des 100 milliards trouvés pour le plan de relance les 17 milliards pour les Gilets jaunes ont paru bien riquiqui. On est tombé de haut ! On a pris un coup sur la tête. Franchement, on pensait la France mieux organisée et l’hôpital pas si mal en point…

De nouvelles perspectives !
Et voilà ! L’été est passé. La circulation du virus s’accélère de nouveau. Certains incriminent les jeunes qui font trop la fête. Monter les générations les unes contre les autres, à qui cela profite-t-il ? D’autres dénoncent l’infantilisation à laquelle nous soumettent nos dirigeants, les mesures contradictoires… La peur s’installe. Tout le monde doute de tout. Personne ne sait bien de quoi seront faits les six mois qui viennent.
Mais au milieu de ce chaos, des initiatives citoyennes fleurissent : des collectifs se créent, les valeurs de l’écologie sociale à travers la notion de bien commun se répandent, des modes de gouvernance participatifs se développent dans les associations, les municipalités. Pour lutter contre la peur que suscitent non pas les incertitudes mais les certitudes – appauvrissement de la bio diversité, réchauffement climatique, montée des inégalités , augmentation de la violence, mise en place d’une société globalisée du contrôle, apparition de nouveau virus, etc il n’y a qu’un remède : l’action.
Agir est un verbe que chacun.e peut s’approprier. Agir à son échelle avec ses moyens, ses compétences. Agir ensemble. C’est la philosophie du colibri, initiée par Pierre Rahbi *
L’association La Pivarella, née dans ce contexte, se donne pour objet la mise en place d’actions et d’initiatives en faveur de l’écologie et du développement durable. Ancrée dans le territoire de la Pieve di Lota, elle est au service des habitant.e.s et des citoyen.ne.s des deux communes et ouverte à tous leurs ami.e.s.
Sylvia Cagninacci, présidente de l’association La Pivarella
* https://www.colibris-lemouvement.org/